Une génération ambitieuse… mais épuisée

Née entre la fin des années 1990 et le début des années 2010, la génération Z arrive sur le marché du travail avec des rêves pleins la tête, une volonté farouche de réussir et une soif de sens dans leurs activités. Ultra-connectée, créative, réactive, elle est souvent perçue comme la plus à même de s’adapter à un monde en mutation rapide. Pourtant, derrière cette image d’hyperperformance se cache une réalité bien plus sombre : celle d’une génération déjà au bord de l’épuisement.

Une pression omniprésente, nourrie dès l’adolescence

Pour les jeunes de la génération Z, la pression de la réussite commence bien avant l’entrée dans la vie professionnelle. Dès le lycée, les parcours sont stratégiques, les notes décisives, les choix d’orientation cruciaux. Les réseaux sociaux, en parallèle, ajoutent une couche de comparaison permanente, où chaque réussite des autres semble souligner ses propres échecs ou retards. Cette pression constante forge des personnalités résilientes, certes, mais aussi fragilisées mentalement par des attentes irréalistes.

Le mythe de la productivité sans limite

Entrés dans le monde du travail, les Z sont accueillis par une culture où la performance est non seulement exigée, mais glorifiée. Être rapide, polyvalent, disponible, tout en cultivant une image positive sur LinkedIn ou Instagram, devient la norme. L’idéal du « personal branding » pousse à soigner son image en permanence, à se montrer inspirant, ambitieux, passionné. Mais cette façade cache souvent une réalité faite de surcharge mentale, de stress chronique et de fatigue accumulée.

Hyperconnectés, mais jamais vraiment déconnectés

La Génération Z a grandi avec les smartphones et les notifications. Elle vit dans un monde où l’information ne s’arrête jamais, et où l’on peut toujours faire plus. Le télétravail, les outils collaboratifs, les messageries instantanées renforcent cette impression que le travail ne s’arrête jamais. Le droit à la déconnexion, bien que reconnu dans certains cadres juridiques, reste théorique pour beaucoup de jeunes qui veulent faire leurs preuves ou qui craignent d’être perçus comme « pas assez engagés ».

Des signes de burn-out de plus en plus précoces

Ce rythme effréné n’est pas sans conséquences. Les signes d’épuisement professionnel apparaissent de plus en plus tôt : troubles du sommeil, irritabilité, démotivation, perte de sens, anxiété généralisée. Certains n’ont même pas encore 25 ans qu’ils connaissent déjà un premier burn-out. Le plus inquiétant, c’est que cette souffrance est souvent banalisée, voire valorisée : être « débordé » est parfois vu comme une preuve d’ambition, un signe qu’on « travaille dur ».

Le malaise d’un monde du travail en décalage

La génération Z ne se contente pas de subir : elle questionne profondément le sens du travail. Elle refuse de sacrifier sa santé mentale pour une carrière sans valeurs. Elle cherche à s’engager dans des projets porteurs de sens, à concilier éthique, impact et équilibre de vie. Mais le monde professionnel, souvent régi par des logiques de rendement à court terme, peine à répondre à ces aspirations. Ce décalage crée une frustration grandissante, qui alimente encore plus la sensation d’épuisement.

La vulnérabilité face à l’incertitude

Ajoutons à cela une époque marquée par les crises : crise climatique, instabilité géopolitique, précarité économique, logement inabordable… Pour la Génération Z, l’avenir est flou, incertain, souvent anxiogène. Cette instabilité nourrit une fatigue psychique diffuse, une sorte d’usure morale face à un monde qui semble ne pas leur faire de place durable. L’hyperconscience des enjeux du monde les rend lucides… mais parfois désespérés.

Une demande de changement, urgente et légitime

La génération Z ne demande pas simplement des aménagements de confort : elle réclame une transformation profonde du rapport au travail. Elle aspire à des modèles plus humains, plus durables, plus respectueux de la santé mentale. Cela passe par une reconnaissance des limites, une valorisation du repos, une transparence sur les conditions de travail, et un accompagnement réel en cas de mal-être.

Redonner de la place à l’humain

Face au burn-out massif qui menace les jeunes générations, il devient urgent de remettre l’humain au cœur des organisations. Managers, dirigeants, institutions doivent repenser leurs pratiques : instaurer des cultures d’entreprise saines, favoriser la bienveillance, écouter sans juger, et offrir des espaces de parole sécurisants. La performance ne doit plus être synonyme de sacrifice, mais d’équilibre.

Une génération à bout, mais pas résignée

Malgré l’épuisement, la Génération Z ne baisse pas les bras. Elle invente, elle milite, elle remet en question, elle quitte les environnements toxiques. Elle ose dire non. Elle réinvente le rapport au travail, parfois en se lançant dans l’entrepreneuriat, parfois en revenant à des métiers plus concrets, ou en optant pour le « slow work ». Cette fatigue collective pourrait bien être le catalyseur d’un changement de paradigme.
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